A partir de Osh, deuxième ville du pays située dans la vallée du Fergana à grande influence Ouzbek, nous partons pour Achiktash, le camp de base du Pic Lénine situé à 3650 m. Durant le trajet de 8 heures, nous circulons sur une route en court de rénovation qui conduit en Chine ou au Tadjikistan. Les travaux, réalisés par les chinois souhaitant ouvrir une nouvelle voie d'échange avec le Kirghistan, sont de grand ampleur. Nous croisons déjà de nombreux camions de marchandises chinois qui sillonnent cette route. A partir de Sary-tash, nous longeons la chaîne montagneuse du Pamir qui fait frontière avec le Tadjikistan. Cette barrière naturelle est impressionnante par sa grandeur et sont étendue, elle fourmille de pics rocheux et de sommets enneigés et contraste avec les tons verts des Jailloos (paturâges de haute altitude). 

 

Le camp de base est situé sur un plateau herbeux. Assez calme lors de notre arrivée, son activité sera beaucoup plus importante a notre redescente.

 

Le départ pour le camp 1 est retardé d'un jour a cause de la neige qui nous surprend durant la première nuit. 12 km et 2 cols nous séparent du camp 2. La montée est assez longue et éprouvante en raison des sacs d'environ 25 kg et de la neige encore abondamment présente sur le chemin. Une longue traversée dans des pentes rocailleuses exposées aux chutes de pierres nous amène sur le glacier.

 

Les camps commencent seulement a s'installer sur la moraine. Nous plantons la tente au pied des pentes du Lénine qui se dresse 2700 m au dessus de nous. La face est impressionnante, raide, crevassée, coupée par des barres de séracs et très enneigée. La trace pour le camp 2 n'est pas visible à notre arrivée, il n'y a pas encore beaucoup d'activité.

Nous prenons un jour de repos au camp 1 a 4450 m avant de monter au camp 2.

 

Pour atteindre le camp 2 nous devons faire la trace. Peu d'alpinistes sont présents sur la montagne pour le moment et les chutes de neiges sont fréquentes en après midi et la nuit. Les derniers 300 m de dénivelés sont durs car le soleil chauffe vite et la neige s'alourdie.

    

Nous restons 2 jours au camp 2 sans pouvoir progresser plus haut en raison du mauvais temps. Il tombe environ 1 mètre de neige sur 48 heures et le vent est fort, des raffales incessantes secouent la tente.  Nous renonçons a monter vers le camp 3, la pente de 300 m qui domine le camp 2 est trop chargée en neige. Nous redescendons donc au camp inférieur.

    

Nous prenons 2 jours de repos au camp 1 et attendons que les conditions s'améliorent. Une grosse coulée part dans la face durant notre première nuit. Au réveil on constate qu'elle est passée proche de la trace. Ces conditions ne rebutent pas certains alpinistes, le lendemain trois espagnoles s'engagent droit dans la face et traversent la coulée dans l'espoir d'atteindre le sommet en remontant toute la face. Au bout du deuxième jour ils feront demi tour.

 

    

Pendant ces deux jours, nous n'avons pas de précipitation mais il fait horriblement chaud, le soleil est écrasant et il est difficile de tenir dehors en journée. Nous recherchons un peut d'ombre dans la tente pour protéger nos visages qui commencent a etre bien marqués par le soleil.

    

Après ces deux jours de repos nous remontons au camp 2. Les sacs sont lourds bien que la dernière fois nous ayons laissé notre tente d'altitude et un peut de matériel en haut. Ce coup-ci nous remontons de la nourriture pour 6 jours. Mais la montée est plus rapide car la trace est beaucoup mieux marquée et nous sommes a présent bien acclimatés.

    

Un jeune Kirghize se joint a notre cordée pour la montée, il appréhende de passer les crevasses seul. Il est originaire de Karakol et est guide de trek et de ski. Il a exceptionellement pris un mois de vacances cet été pour faire le Lénine.

    

Dès notre arrivée au camp, le temps se gate vite et nous revoilà sous le vent et la neige durant toute la nuit, le temps ne s'améliore qu'à partir de 7 heures. Nous décidons de monter au camp 3 pendant cette accalmie. La pente de 300 mètres au dessus du camp se monte assez bien. Au col le vent se durcit et reste très fort tout le long de l'arrête, il se calme sur la pente avant le camp 3, du coup la neige s'acccumule et nous surprend par sa quantité. Pierrick trace les 4OO mètres de montée avec de la neige jusqu'au bassin. Au camp 3, le vent est à nouveau fort, les nuages et le brouillard nous empêchent de voir l'arrête sommitale et les montagnes côté Tadjique, nous sommes un peut déçus. Nous faisons le Pic Razdelnaya qui culminne a 6148 mètres à l'ouest du camp 3.

    

Durant la nuit le vent est très fort, il neige a nouveau abondament. Au matin tout le massif est platré et chargé de neige, on ne voit plus les anciennes coulées.

    

La décision est dure mais nous redescendons pour le camp 1. On sait alors que le sommet ne sera plus accessible pour nous, faute de temps. Les conditions en montagne demandent à nouveau d'attendre plusieurs jours de stabilisation et nous n'avons plus beaucoup de jours en montagne.

    

La déception est grande mais nous avons passé de bon moments en haut et avons beaucoup donné pour parvenir au Pic Razdelnaya. Notre premiere experience sur un 7000 est neanmoins riche en enseignement, tant sur le plan organisation que des conditions.

    

Pour la descente, le glacier a bien fondu et le paysage s'est complétement transformé. Les crevasses se sont ouvertes entre les deux camps et sur la descente vers le camp de base, de véritable creux se trouvent là où nous avions cheminé sur une partie plate. Le chemin est toutefois plus facile sans la neige !

    

Nous partons ensuite pour Osh dans un gros camion 4x4 ou nous retrouvons deux polonais que nous avons croisé en montagne. L'un d'eux a commencé la montée sur l'arrête après le camp 3 le jour ou nous étions au Pic Razdelnaya et est partit avec une plaque à vent avant de se rattrapper. Nous avons passé la soirée à Osh avec eux où nous avons repris des forces grâce aux brochettes de viande et à la bière.

    

Nous sommes retournés sur Bishkek en voiture en remontant la vallée du Fergana, le long des lacs et rivières bleu-vert qui contrastent avec l'aridité des terres.