Katmandou, le 22 Mars 2010


AU PAYS DU TOIT DU MONDE

Nous y sommes ! Aujourd'hui 20 février nous nous envolons pour Lukla et un mois de trek et de montagne sur les chemins de l'Everest et du Makalu.
Malheureusement, un épais brouillard sur la piste et de mauvaises conditions météorologiques en altitude annulent notre départ après plus de 7 heures d'attente.
Le 21 est donc le bon jour pour le début de notre périple. Nous embarquons dans un petit avion de 15 places avec vue directe sur le cockpit et ses pilotes. Le décollage et le vol se passent en douceur et nous offrent nos premières vues de l'Everest perdu au loin dans la chaîne de l'Himalaya. L'atterrissage est par contre plus sportif avec un plongeon sur une piste étroite et bordée d'habitations. Nous avons en point de mir un solide mur de pierres que nous appréhendons de percuter pendant que nous sommes secoués par le freinage chaotique de l'appareil. Mais un virage sec de ce dernier nous dépose finalement sur les airs de parking des avions juste devant le petit aéroport de Lukla.

L'effervescence est grande autour de l'aéroport. Nous avons l'impression que tout le village s'est rassemblé ici. Beaucoup d'hommes de Lukla et des villages alentours viennent chaque matin aux heures d'arrivée des vols de Katmandou dans l'espoir de trouver un emploi comme guide ou porteur.
Notre équipe est déjà au complet avec Jiba, Passang et Pulba mais nous nous faisons accoster sur tout le chemin dans les rues de la bourgade.
Après une répartitions du matériel pour le portage, nous commençons notre aventure.

Les deux premiers jours de marche, nous remontons la vallée de la rivière Dudh Kosi en direction de Namche Bazar. Le chemin passe dans de nombreux villages où les lodges pour trekers se multiplient. Certains ne sont pas moins que des hôtel de luxe d'altitude. Ce côté ultratouristique contraste avec le caractère traditionnel des chortens, des mani wall, des rouleaux et des étendards à prières que l'on trouve sur notre route.
Dans cette région centrale du pays sherpa, le Lhosar (nouvel an tibétain) est finit depuis quelques temps et les villageois débutent les cultures en vue de la prochaine saison d'été. Ils récupèrent ainsi dans les champs les pommes de terre stockées sous terre pendant l'hiver pour éviter que les plants gèlent. Quelques jours après les avoir fait sécher au soleil il les replanteront pour une nouvelle récolte. A ces altitudes on trouve principalement dans les jardins des patates, des carottes et des choux.

La route de Lukla à Namche Bazar est très fréquentée par les trekers mais aussi par les porteurs et les caravanes de mulets et de Dzopkeys. Les dzopkeys sont un croisement entre un Yak ou une Nak et une vache locale ou des taureaux tibétains.
Nous sommes impressionnés et désabusés par les charges que les hommes portent sur ces chemins difficiles. Bien souvent nous ne voyons plus le porteur, plié sous 80 à 100 kgs parfois de marchandise. Caisses de bières, réfrigérateur, panneaux de contre plaqué, poutre de bois, tôles ... les produits transportés sont vraiment variés et ils alimentent tout un circuit de ravitaillement des villages plus élevés.

Namche Bazar est une étape mythique de toute les expédition en partance pour l'Everest, mais ce village à flanc de colline a beaucoup perdu de son caractère authentique. Aujourd'hui, les lodges sont trop nombreux et trop gros, ainsi que les bars, les boulangeries allemandes et les commerces. La tranquillité de cette bourgade est entamée par des rotations d'hélicoptères et des vols privés. Mais certaines choses ne suivent pas ce développement rapide. En étant pourtant dans l'enceinte du parc national de Sagarmatta, les népalais continuent de jeter les déchets dans la nature. Le cours d'eau qui traverse le village est ainsi un ramassis d'emballages plastiques et d'ordures divers où les habitants viennent cependant toujours faire leur lessive !!!
De bon matin Namche nous offre une première vue directe sur l'Everest. Mais d'ici, le plus majestueux à notre goût est L'Ama Dablam - 6856m - avec  son pouce de roche, de neige et de glace levé sur l'Himalaya.

Après Namche, nous prenons la route des lacs de Gokyo. Avec une altitude plus élevée, les convois de mulets et dzopkeys ont laissé place aux yaks plus endurant au froid.

Sur ces sentiers nous entrons au coeur des montagnes. Taboche 6495m, Cholatse 6635m, Thamsherku 6618m, Cho Oyu 8201m, toutes ces montagnes nous offrent des vues et des instants magnifiques.
Depuis Gokyo 4790m, nous prenons un peut d'altitude en montant au col Renjo et au Gokyo Ri tous les deux à 5360m. De là haut, nous avons une vue magnifique et stupéfiante sur l'Everest, le Lhotse, le Nuptse, le Pumori et bien d'autre comme le Makalu dont la pyramide de neige se dessine dans le lointain. Cette année, l'Everest est sec, tout en rochers noirs. Pas un brin de neige sur le plus haut sommet du monde !!!

De la vallée de Gokyo, nous faisons un bond dans la vallée du khumbu en passant le col Chola 5420m. C'est un bel itinéraire de montagne avec une montée dans des rochers enneigés et glacés et une descente sur le glacier. Avec l'accueil des drapeaux virevoltant dans le vent, le regard et l'esprit se perd dans ce paysage pur de roche, de  neige, de glace. La montagne s'ouvre et se découvre pour nous envelopper d'un sentiment de liberté, de plénitude.

Nous perdons un peu de tranquillité en retrouvant la célèbre route du camp de base de l'Everest. Cette dernière est fréquentée par de gros groupes de trekers souvent sans expérience. Nous sommes complètement effarés de la lenteur de progression de ces derniers. Sur une étape après seulement trois quart d'heure de marche nous avons doublé un groupe parti trois heures plus tôt alors que nous finissions notre nuit dans nos duvets.
Depuis Gorak Shep, le dernier camp de lodges de la vallée, nous allons au camp de base de l'Everest. La marche est agréable sous un ciel bleu azur et un soleil lumineux. Situé au milieu du glacier du khumbu, le camp de base nous offre une vue circulaire sur les montagnes qui bordent l'Everest et sur la voie d'accès au camp 1 : la ice fall.
A cette période le camp de base est vide, mais en pleine saison, il peut accueillir jusqu'à une quarantaine d'expéditions. Le lieux est alors une véritable ville avec échoppes, télévision, téléphone, accès internet et supermarché. Des sherpas de toute la région s'installent ici pour faire commerce.
Autre destination far de la vallée du khumbu : le kalapatar et ses 5645m. Avec un ciel brumeux et un soleil qui ne semble pas vouloir se lever, nous ne passons pas bien loin de nous geler les pieds au cours de l'ascension. Mais nous aurons vu le col sud et la belle descente du glacier de Khumbu.

Nous voici au onzième jours de marche. Une acclimatation au top, un moral au beau fixe. Nous sommes loin de réaliser tout ce que nous avons vu, découvert et vécu pendant ce trek. Mais la route continue pour nous.


Cap sur L'Imja Tse.